Adrien Welsh, membre de la LJCQ
On apprenait, début juin, que les cadres d’Air Canada se partageraient 10 millions de dollars en prime alors que le transporteur aérien connaissait, en 2020, l’une de ses pires performances économiques à cause de la pandémie de COVID-19. La perte d’exploitation s’élève en effet à 3,8 milliards de dollars.
Plus scandaleux encore, alors que les dirigeants corporatifs se partagent des millions, fruit exclusif du travail de leurs employé-es, pas moins de 20 000 d’entre eux ont été mis à pied et pas moins de 30 routes régionales ont été fermées. De plus, de nombreux travailleur-ses de première ligne ont vu leurs droits violés, notamment à travers le retard délibéré de la compagnie de recourir à l’arbitrage et du paiement des indemnisations dues à ces salarié-es.
Cette situation est d’autant plus honteuse que selon l’Association internationale des machinistes et des travailleurs et travailleuses de l’aérospatiale, principal syndicat de l’aérospatiale, pendant qu’Air Canada négociait un prêt de 5,9 milliards de dollars (qui s’ajoutent aux 656 millions de dollars perçus grâce à la subvention salariale d’urgence, une subvention qui n’a visiblement pas servi à maintenir les travailleur-ses à l’emploi), la direction avait déjà prévu se partager cette prime de 10 millions.
Que les cadres aient, à cause de la grogne populaire, finalement renoncé à cette prime ne change rien au fond de l’affaire. D’ailleurs, cette remise ne s’applique pas à nos deux ennemis de classe du mois : Calin Rovinescu (PDG de la compagnie jusqu’en février 2021) qui a gagné, en 2020, 9,25 millions de dollars, et Michael Rousseau, PDG actuel, qui lui, n’a gagné « que » 2,93 millions!
En définitive, la rémunération de Rovinescu, de Rousseau, les primes de 10 millions de dollars, les mises à pied et les fermetures de routes moins rentables ne sont que la pointe de l’iceberg. Le fond du problème réside en la privatisation de la compagnie autrefois publique et son corollaire : sa gestion non plus en tant que transporteur devant assurer une mission de service public – essentielle dans un pays grand comme le Canada et éparsement peuplé – mais comme entreprise lucrative poursuivant non pas la desserte des régions éloignées, la création d’emplois et le dynamisme économique de ces régions, mais le profit capitaliste à tout prix et le renflouement de ses actionnaires.
Avec les 5,9 milliards de dollars offerts sur un plateau d’argent par le gouvernement Trudeau, au lieu de le conditionner à un maigre 500 millions de prise de participation dans l’entreprise, le gouvernement aurait pu réaliser une réelle offre publique d’achat et prendre le contrôle des opérations dans le but de les placer sous contrôle public et démocratique. À cette perspective à long terme et favorable aux travailleur-ses comme à la population en général, il s’est contenté de répéter les actions des gouvernements à la solde du capital lors de la crise de 2009 : mettre en place un « plan de sauvetage » pour sauvegarder les profits capitalistes.
Et ne soyons pas dupes : le « prêt » de 5,9 milliards deviendra rapidement un « don » que nous devrons payer…
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