Par Marie-Florance Ranger, membre de la YCL-LJC Ottawa (traduction: Monique Vermette)
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Au cours de l’été 2020, un groupe d’employé-es travaillant à l’entrepôt Amazon à Bessemer, en Alabama, a contacté un organisateur du Retail, Wholesale and Department Store Union (Syndicat de la vente au détail, de la vente en gros et des grands magasins – RWDSU) dans l’espoir de lancer une campagne de syndicalisation. Le but principal de cette campagne syndicale était de contrer les mesures de productivité imposées par l’entreprise pour suivre à tout moment les mouvements de chaque employé-e. Ceci est un exemple clair de la volonté d’Amazon de gonfler ses profits, déjà énormes, en augmentant l’efficacité de l’exploitation des travailleur-ses sans augmenter leur compensation. En plus de lutter contre les mesures de productivité d’Amazon, les travailleur-ses cherchaient une amélioration de leurs conditions de travail ainsi qu’une meilleure sécurité d’emploi.
Avec une main d’œuvre d’environ 5 800 employés, les organisateur-trices du syndicat ont pu mener plus de 2 000 travailleur-ses à manifester leur soutien à la syndicalisation avant la tenue du vote. S’ils et elles avaient réussi, ce premier entrepôt à se syndiquer aurait créé un précédent pour la syndicalisation d’autres entrepôts d’Amazon. Malheureusement, le 9 avril 2021, les votes ont été comptés et la campagne syndicale a échoué. Environ 3 215 employé-es de l’entrepôt de Bessemer ont voté, environ 55 % du total des employé-es, et bien que 738 employé-es aient voté en faveur du syndicat, 1 798 votes ont été exprimés contre la syndicalisation.
Ce n’est cependant pas la fin de la lutte. Stuart Applebaum, le président du RWDSU, a déclaré qu’il « pousserait la commission des relations du travail à tenir Amazon responsable de son comportement illégal flagrant pendant la campagne ». Tout au long de la campagne de syndicalisation en Alabama, Amazon a utilisé des mesures agressives pour dissuader les travailleur-ses en envoyant des messages texte quotidiens, en organisant des réunions antisyndicales obligatoires, ainsi qu’en affichant des pancartes près des toilettes. Amazon a installé une boîte de vote dans l’entrepôt et a tenté de forcer les employé-es à voter là où ils et elles pouvaient être observé-es par la direction. Amazon a également tenté d’interdire les bulletins de vote par correspondance, mais cela a échoué. Au cours des derniers jours avant le décompte, des personnes se présentant comme des travailleur-ses d’Amazon ont envoyé une série de tweets antisyndicaux indiquant que les employé-es devaient voter avant le 1er mars, alors que la date limite était en réalité le 29 mars. Tandis que la syndicalisation est un moyen éprouvé pour les travailleur-ses d’améliorer leurs conditions de travail, leur permettant de négocier collectivement avec leurs employeurs, Amazon propage le mensonge flagrant que les syndicats sont nuisibles et prédateurs envers leurs membres.
Amazon reconnaît que la syndicalisation menacerait son habileté d’imposer des conditions de travail insupportables à ses employé-es – des conditions qui, selon certains lanceurs d’alerte au sein de l’entreprise, incluent des conditions aussi inhumaines que de devoir déféquer dans des sacs et des bouteilles pour gagner du temps – pour qu’on puisse leur arracher chaque dernière goutte de profit. Sans syndicat, les employé-es d’Amazon deviendront inévitablement de plus en plus étranglé-es par leurs employeurs capitalistes.
Amazon n’est pas étranger à la suppression de toute campagne de syndicalisation qui tente d’émerger. Depuis que l’entreprise a commencé ses activités en 1994, Amazon a cherché à empêcher ses travailleur-ses de se syndiquer et a réussi à le faire. Au début des années 2000, un groupe de près de 600 travailleur-ses d’un centre d’appels d’Amazon a tenté de se syndiquer, citant une immense pression provenant de la direction de l’entreprise. Sans surprise, Amazon a riposté durement contre la campagne et a même finalement décidé de fermer le centre d’appels, citant comme raison des réductions à plus grande échelle dans l’entreprise.
Cette campagne de syndicalisation présente un intérêt particulier pour les jeunes travailleur-ses canadien-nes aussi, car Amazon maintient au moins quinze entrepôts en Alberta, en Colombie-Britannique, au Manitoba, en Ontario et au Québec, et deux autres doivent ouvrir sous peu. En mars 2021, le Ministère du Travail de l’Ontario a lancé une enquête sur des conditions de travail possiblement illégales dans un entrepôt d’Amazon à Brampton, où plus de 12 % des travailleur-ses ont été infecté-es par la COVID-19, en plus de subir d’autres problèmes de santé et de sécurité inquiétants.
Depuis le début de la pandémie, Amazon a doublé ses profits, alors que beaucoup de ses travailleur-ses ont encore du mal à joindre les deux bouts. Les syndicats sont une arme puissante que la classe ouvrière peut utiliser contre le capitalisme et les entreprises dans sa lutte pour le socialisme. La cellule Donalda Charron de la YCL-LJC exprime sa solidarité avec les employé-es d’Amazon à Bessemer et espère qu’ils et elles continueront leur lutte contre Amazon. Bien que la campagne de syndicalisation à Bessemer ait échoué, les jeunes travailleur-ses du monde entier doivent poursuivre la lutte contre les tyrans capitalistes tels qu’Amazon. La route vers le socialisme est pavée de revers, mais nous, en tant que jeunes travailleur-ses, avons la force et la détermination pour continuer d’avancer.
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