La ministre de l’Enseignement supérieur Pascale Déry a semé la consternation dans le milieu universitaire en annonçant le 13 octobre dernier une hausse majeure des frais de scolarité pour les étudiants provenant du Canada anglophone et de l’international. La facture des étudiants canadiens passerait de 8992 $ par an à 17 000 $, alors les étudiants internationaux paieraient un minimum de 20 000 $ par étudiant international aux universités, dont le gouvernement récupérerait 3000 $. Selon François Legault, cette mesure vise à « freiner le déclin du français » en redistribuant l’argent ainsi récupéré au réseau universitaire francophone.
Cette réforme, présentée comme une question linguistique, est en fait une attaque en règle contre l’accessibilité de l’éducation au Canada. Les universités anglophones jouent le jeu de la politique linguistique identitaire de François Legault en se présentant comme les premières victimes de la réforme. Le recteur de l’Université McGill évoque de « graves conséquences » et annonce en guise de représailles la suspension d’un investissement dans des programmes de langue française – alors que McGill facture jusqu’à 65 000 $ par année aux étudiants internationaux suite à la déréglementation complète de leurs frais de scolarité en 2018.
Par la déréglementation des frais de scolarité des étudiants internationaux – d’abord limitée à six programmes en 2008, puis intégrale en 2018 – le gouvernement s’est dédouané du sous-financement de l’enseignement supérieur en incitant les universités à obtenir du financement supplémentaire en recrutant des étudiants internationaux. Ce recrutement compétitif d’étudiants internationaux a empiré les disparités de financement entre les universités, heurtant particulièrement le réseau de l’Université du Québec. C’est ainsi que le recteur de l’UQAM se réjouit de l’annonce de la réforme gouvernementale – oubliant que celle-ci ne renverserait aucunement la déréglementation des frais de scolarité des étudiants internationaux et ne représenterait aucun nouvel investissement public dans l’enseignement supérieur.
Il revient au mouvement étudiant de mener la lutte contre cette nouvelle hausse. Une première manifestation a eu lieu le 30 octobre dernier, rassemblant des centaines d’étudiants de McGill, Concordia et Bishop’s, ainsi que d’établissements francophones. De nombreuses associations étudiantes appuient la lutte, dont les associations membres de la Coalition de résistance pour l’unité étudiante syndicale (CRUES). Cette mobilisation est une occasion de renforcer l’unité des étudiants provenant du Québec, du Canada anglais et de l’international autour des revendications fondamentales du mouvement étudiant : la défense de l’éducation comme service public et la lutte pour l’éducation gratuite, accessible et de qualité.
Contre les hausses des frais, luttons pour l’éducation gratuite pour tous au Canada!