Adrien Welsh, membre du LJCQ
On nous le présente comme le principal opposant à Poutine, comme celui qui démocratisera la Russie. Pourtant, un simple coup d’oeil à la presse russe suffit pour apercevoir de profondes lézardes dans cette carapace à la fois de démocrate et d’opposant. Que ce soit clair dès le début, Navalny n’a rien d’un Sanders, encore moins d’un Corbyn. Il est plutôt de la même mouture que Donald Trump, le Tea Party, Marine LePen ou les partisans néonazis de Pravy Sektor et de la “révolution” orange ukrainienne.
En effet, il commence sa carrière politique en tant que militant du parti Narod (Le peuple) où il fait campagne pour la légalisation des armes en Russie, ce qu’il justifie par la nécessité de lutter contre les Tchétchènes qu’il voit comme des terroristes potentiels. Il les compare même à des coquerelles à éliminer avec une tapette à mouches ! En d’autres termes, il appelle pratiquement à un nettoyage ethnique et enjoint la population russe à y participer. De plus, il est connu pour des actions à la limite de l’anti-sémitisme.
Mais au-delà de son adhésion à des idées chères à l’extrême-droite ultra-nationaliste russe, Navalny n’a rien de l’opposant politique qui mobilise les masses contre Poutine et l’oligarchie russe. Son influence est grandement exagérée par les médias occidentaux pour qui il serait inconcevable de tempérer leurs déclarations en soulignant que le Parti communiste de la Fédération de Russie (KPRF) représente le premier parti d’opposition. Pour contourner le problème, ils ont même créé de toute pièce deux types d’opposition : une opposition qui serait “institutionnelle” et à la solde du régime Poutine, contre une opposition “hors-système”, sous-entendu plus légitime.
Or, les faits parlent d’eux-mêmes. Les manifestations en solidarité avec Navalny, limitées aux centres urbains, n’ont à aucun moment été en phase de prétendre rivaliser avec les manifestations massives organisées par le KPRF en 2018 contre la réforme des retraites que tentait d’imposer Poutine. Ce mouvement, qui a mobilisé les travailleur-euses de Kaliningrad à la Tchoukotka, a forcé le gouvernement de battre en retraite, un fait plutôt extraordinaire dans ce pays où tous les paliers gouvernementaux et mouvements sociaux d’envergure sont verrouillés par le pouvoir.
Cette victoire populaire n’est d’ailleurs pas étrangère au fait qu’un an plus tard, lors des élections municipales et régionales, le parti au pouvoir de Poutine a connu un sérieux recul. Navalny lui-même a dû, pour entretenir sa figure d’opposant au pouvoir, appeler à voter pour le KPRF à Moscou, au grand dam de ses souteneurs occidentaux et de certains membres de sa curie.
S’il est vrai qu’Alexeï Navalny représente le candidat pro-UE, pro-OTAN et pro-US tel qu’attesté par le fait que les appels à manifester en son appui sont relayés par l’Ambassade des États-Unis à Moscou, il n’en demeure pas moins que les monopoles occidentaux s’accommodent plutôt bien de la Russie de Vladimir Poutine. Pour s’en convaincre, il ne suffit qu’à se rappeler que Poutine, loin d’être héritier de l’URSS et du socialisme, est plutôt le dauphin de Boris Eltsine, dont la carrière politique est intimement liée aux fraudes électorales supervisées par la CIA sans lesquelles en 1996, les communistes auraient été reconduits au pouvoir.
Selon le KPRF, le faux-dilemme entre Navalny et Poutine ne sert que les intérêts de ceux et celles qui veulent engager la Russie dans un modèle économique monopoliste et rentier, démanteler ce qui reste de services publics, de contrôle public des secteurs les plus productifs de l’économie et de brader l’économie au profit des monopoles capitalistes.
Comme l’affirme Iouri Afonin, Vice-Président du Comité central du KPRF : “le choix entre Navalny et les autorités est une impasse parce que leur idéologie est essentiellement la même. Tant les navalnistes que le pouvoir actuel sont favorables au capitalisme.”
Photo: Yuri Kochetkov/EPA
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