Image fournie par l'UJSARIO.

La victoire du peuple sahraoui sera une victoire pour tous les peuples en lutte contre l’impérialisme

Nous avons plus en commun avec le peuple sahraoui qu’avec « notre » bourgeoisie.

Discours prononcé par Adrien Welsh au nom de la Ligue de la jeunesse communiste du Canada à l’occasion du 10e congrès de l’Union de la jeunesse sahraouie (UJSARIO)

Au nom du Comité central de la Ligue de la jeunesse communiste du Canada, mais aussi des jeunes progressistes et anti-impérialistes de notre pays, c’est avec honneur et respect que je salue aujourd’hui la jeunesse du Front Polisario et l’assure de notre solidarité active et sans faille avec la lutte du peuple sahraoui contre l’occupant marocain et pour la libération de la dernière colonie d’Afrique.

C’est à la fois avec plaisir et avec ennui que nous constatons que nous sommes la seule organisation de jeunesse qui fait sien le droit à l’autodétermination et à l’indépendance du peuple sahraoui tel que stipulé par l’ONU lors des accords de cessez-le-feu de 1991. Tel ne devrait pas être le cas, et c’est pourquoi nous travaillons avec ferveur pour faire connaître la lutte du peuple sahraoui auprès du mouvement étudiant, des jeunes travailleurs et des jeunes impliqués dans les différents mouvements démocratiques et populaires.

Je peux cependant vous rassurer du fait que partout où nous engageons la discussion sur le Sahara occidental, les plus nobles des jeunes militants n’hésitent pas à témoigner leur sympathie envers votre cause – qui est la nôtre également puisqu’il s’agit de lutter contre l’impérialisme barbare et meurtrier en tant que système global, tel que le stipule la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique dans les documents que nous avons unanimement approuvés en décembre 2019, et non en tant que politique propre à un pays ou un autre.

Je peux également vous rassurer du fait que depuis plus de dix ans déjà, depuis la refondation de notre jeunesse communiste, avec le concours des Festivals mondiaux de la jeunesse et des étudiants, des dizaines de jeunes progressistes du Canada ont pris connaissance de la cause sahraouie. Rentrés chez eux, ils ont fait tache d’huile et ont contribué à populariser votre lutte. La route est peut-être longue, mais au moins les premiers pas sont faits et nous sommes confiants que d’autres suivront.

Si nous sommes ici aujourd’hui, si nous avons décidé de mobiliser autant d’efforts pour participer à ce 10e congrès de la jeunesse du Front Polisario, c’est que nous considérons votre lutte comme universelle et votre combat comme une inspiration pour la jeunesse du monde entier.

Certes, nous sommes ici pour condamner l’occupation marocaine et le pillage illégal des ressources naturelles du peuple sahraoui. En ce sens, nous dénonçons le fait que le Canada a été, jusqu’à récemment, le premier importateur de phosphate sahraoui volé par des entreprises marocaines et saluons les actions de résistance du Front Polisario et de ses alliés qui ont forcé les entreprises canadiennes à revoir leurs sources d’approvisionnement. Nous nous inquiétons également du fait que le Canada cherche à tout prix à signer un accord de libre-échange avec le Maroc, accord qui, nous le savons, ne sera bénéfique ni pour le peuple marocain, ni pour les travailleur-euses et la jeunesse du Canada, encore moins pour le peuple sahraoui qui risque d’être occulté de celui-ci.

Nous sommes ici pour dénoncer l’accord perfide entre le Maroc – que dis-je, l’Empire chérifien qui prétend avoir des droits territoriaux y compris sur Cordoue – et Israël. Cet accord a clairement été stipendié par les États-Unis de Donald Trump de sorte à renforcer l’hégémonie de l’impérialisme occidental. S’il y a quoi que ce soit à dire, c’est bien que le conflit israélo-palestinien n’a rien à voir avec la question religieuse, mais tout à voir avec la solidarité entre puissances d’occupation et leur appui sans faille à l’impérialisme occidental.

Nous sommes ici également pour exiger la libération immédiate des prisonniers politiques – suppliciés de Gdeim Izik.

Nous sommes ici pour exiger du Maroc qu’il respecte ses engagements auprès de la mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental et s’engage à organiser au cours de l’année à venir, un référendum sur l’autodétermination du Sahara occidental. Nous nous inquiétons d’ailleurs du fait que le Maroc reprend à son compte les tactiques de colonisation israéliennes illégales aux yeux du droit international.

Nous dénonçons également la récente volte-face du premier ministre espagnol qui, honteusement, fait de l’Espagne non plus une « puissance administratrice du territoire » mais bien une puissance coloniale alliée à l’occupant marocain. En ce sens, nous saluons la décision courageuse du Front Polisario de rompre les relations avec le gouvernement d’Espagne.

Nous reconnaissons sans concessions le Front Polisario comme unique représentant légitime du peuple Sahraoui. Nous savons qu’il cherche autant que possible à négocier une solution pacifique et diplomatique au conflit qui l’oppose au Maroc. Nous savons également que ce n’est jamais de gaieté de cœur que les peuples sont contraints à prendre les armes. C’est pourquoi nous saluons le courage et la détermination du peuple Sahraoui, de l’Union de la jeunesse sahraouie (UJSARIO) et du Front Polisario que la réaction marocaine a forcé à reprendre les armes. Que ce soit clair au monde entier : c’est l’armée d’occupation marocaine qui a violé l’accord de cessez-le-feu et non l’inverse. Le Maroc est l’agresseur et le peuple sahraoui la victime.

Chers camarades, frères et sœurs d’armes, permettez-moi de vous parler de la jeunesse dans notre pays et de ses luttes. Permettez-moi de vous convaincre que nos luttes sont les vôtres et vice versa.

Chez nous, les jeunes doivent débourser des sommes faramineuses pour étudier et espérer trouver un emploi qui leur permette de vivre dignement. Les jeunes travailleurs sont victimes de la précarisation d’emploi, de salaires de misère et de programmes de retraite à double standard qui leur sont défavorables.

Alors que l’impérialisme occidental et ses alliés dont le Canada fait activement partie s’attaque à la Russie par l’Ukraine interposée dans le but de garantir les intérêts de ses propres monopoles, les dollars coulent à flot pour escalader cette guerre dont les premières victimes sont les peuples d’Ukraine, de Russie, voire du monde entier. Au lieu de débourser tant d’argent pour défendre les intérêts des grands monopoles, le pillage des ressources naturelles pour le compte des grandes entreprises transnationales, nous pourrions au contraire l’utiliser pour créer des emplois productifs qui renforcent la souveraineté économique par opposition à un modèle capitaliste-impérialiste où la seule source d’argent provient de la spéculation et du pillage des peuples du monde entier. Nous pourrions même l’utiliser pour contribuer au développement du Sahara occidental, de la Palestine et de tant d’autres peuples. 

Nous savons que nous produisons plus que nécessaire pour assurer des salaires dignes. Le problème vient du fait que les grandes entreprises s’accaparent le produit de notre travail. Or, ce sont ces mêmes entreprises qui sont à l’origine du pillage des ressources naturelles, des voies de communication, des marchés où écouler leurs surplus et qui cherchent à partager le monde violemment en zones d’influence. Pour ces entreprises et leurs porte-paroles politiques, il n’y a ni hommes, ni femmes, ni enfants, mais seulement des profits à réaliser.

Ainsi, nous savons que la lutte du peuple sahraoui pour sa liberté s’inscrit dans une lutte universelle des peuples du monde entier contre leurs exploiteurs et leurs oppresseurs. C’est pourquoi nous reconnaissons la lutte du peuple sahraoui comme une lutte importante dans la marche de l’humanité vers son émancipation, vers la fin de l’exploitation d’une classe par une autre, vers la fin de l’exploitation humaine.

Jamais nous ne nous déroberons de notre devoir d’internationalistes. Jamais nous n’oublierons que la solidarité internationale représente les idéaux concrets des communistes. Jamais nous n’oublierons qu’au bout du compte, notre solidarité de classe triomphe de la solidarité nationale : nous avons plus en commun avec le peuple sahraoui qu’avec « notre » bourgeoisie.

Vive le 10e congrès de l’UJSARIO!

Vive le Front Polisario et sa jeunesse!

Vive l’esprit immortel de Mohammed Abdelaziz!

Vive le Sahara occidental et son peuple révolutionnaire!

Vive la lutte sahraouie contre l’occupation et l’impérialisme!

Vive l’internationalisme prolétarien!