Piquetage en soutien à la Palestine à McGill en 2016. Photo par Sonia Ionescu / The McGill Daily.

Palestine : honte à l’université McGill!

La répression du mouvement de solidarité pro-palestinienne à McGill s’inscrit dans un contexte global.

Adrien Welsh, membre de la LJCQ

L’université McGill marque un pas de plus vers la répression de la solidarité avec la Palestine. En effet, à l’initiative du comité local pour les droits humains en Palestine, une campagne pour que l’association étudiante locale appuie le mouvement BDS (Boycott – Désinvestissement – Sanctions) a été couronnée de succès. Pas moins de 71% des votant-es ont approuvé cette motion.

Or, l’administration de l’université a menacé de couper les vivres à l’association étudiante, se riant ainsi de la démocratie étudiante. Pour se justifier, elle a ressassé les vieilles rengaines que d’aucuns voient comme dépassées, notamment l’idée selon laquelle l’antisionisme équivaut à l’antisémitisme – facilement réfutable lorsque l’on sait que le Parti communiste d’Israël et plusieurs autres organisations à l’effectif majoritairement israélite adoptent, depuis plusieurs décennies, une position antisioniste…

Devant ces menaces, toutefois, l’association étudiante a décidé de revenir sur la décision pourtant tranchée par référendum et de ne pas adopter la position en faveur de BDS. Ce faisant, elle se moque tout autant de la démocratie étudiante, de ses membres et, en plus d’accompagner la position de l’administration, se voit comme son fondé de pouvoir.

On ne peut oublier le contexte global dans lequel ces décisions ont été adoptées. D’une part, il s’agit d’un contexte global de répression, voire de criminalisation de la solidarité avec la Palestine. Par exemple, en janvier 2021, l’arrondissement de Côte-des-Neiges – Notre-Dame-de-Grâce adopte la définition de l’antisémitisme promue par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA). En juin, c’est au tour de la CAQ d’imposer cette définition par motion « non contraignante » à l’Assemblée nationale. Pour rappel, cette définition implique que toute attaque à l’État d’Israël constitue fondamentalement une attaque antisémite. En décembre dernier, le gouvernement fédéral vote en faveur d’Israël à l’ONU et refuse de se prononcer en faveur des droits fondamentaux et politiques de la nation palestinienne. En 2016, ce même gouvernement libéral permet l’adoption d’une motion condamnant le mouvement BDS.

D’autre part, cette décision s’inscrit dans le cadre d’une ambiance de répression de la démocratie étudiante sur les lieux d’études sous prétexte de « liberté académique » tel que préconisé par le rapport de la commission Cloutier déposé en janvier dernier. Faisant écho à d’autres efforts gouvernementaux, notamment en Ontario, qui prétendent que cette liberté serait mise en danger par les militant-es étudiant-es, on en vient à vouloir substituer leur liberté d’association et d’organisation par une soi-disant « liberté académique » qui donnerait le droit de propager des idées rétrogrades, réactionnaires et antiscientifiques sans que le corps syndical et étudiant ne puisse avoir droit de cité.

Certes, les exemples donnés pour dorer la pilule auprès de la population générale sont liés aux questions identitaires et sociétales comme l’utilisation acceptable ou non du mot en « n » ou le droit d’étudier Pierre Vallières ou non. Or, ce ne sont là que des questions secondaires. Au final, le but est aussi et surtout d’empêcher que le mouvement étudiant devienne une réelle force dans les luttes anti-impérialistes et sociales.

C’est d’autant plus le cas que depuis le 15 avril dernier à l’aube, la lueur des balles des forces israéliennes d’occupation ont sifflé et éclairé d’un haro ensanglanté une fois de plus la barbarie du sionisme, de l’apartheid et de l’occupation en investissant la mosquée d’Al-Aqsa et blessant des dizaines de fidèles, les arrêtant par centaines. Leur seul crime est d’être Palestiniens.